Bonjour à tous,
J’ai envie de créer un rendez-vous poésie. Sur les différents blogs que je suis (et ils sont très très nombreux), il est rare de voir parler de Poésie. Pourtant, c’est un style tellement beau quand on s’y intéresse.
Du coup, je vais essayer de vous faire découvrir un poème par semaine. Poèmes d’époques et de genres différents afin de montrer la variété que l’on peut trouver dans ce genre d’écrit.
Louis Aragon
Cette semaine je vous fait découvrir ou redécouvrir, un poème à visée engagée.
La rose et le réséda
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l’échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Qu’importe comment s’appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l’un fut de la chapelle
Et l’autre s’y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu’elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l’un chancelle
L’autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l’autre gèle
Lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l’aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu’aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
À la terre qu’il aima
Pour qu’à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
L’un court et l’autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L’alouette et l’hirondelle
La rose et le réséda
Poème écrit en hommage aux résistants fusillés. Le poème est adressé à 4 personnes précises : Gabriel Péri, Estienne D’Orves, Guy Moquet et Gilbert Dru; 4 résistants fusillés, de convictions politiques et religieuses opposées mais unis par l’amour de la patrie.
Ce poème fonctionne comme une chanson avec son refrain qui revient
Celui qui croyait au ciel
celui qui n’y croyait pas
et qui marque le fait que tous les 4 ont eu le même sort alors qu’ils n’étaient pas d’accord sur leur vision de la croyance; mais ils croyaient en une chose : la liberté